Tell me more, did you get very far ? [R.]

Pourquoi avait-il fallu qu’elle accepte ce pari ? L’alcool n’était pas la meilleure aide à une ascension sociale et Thleen en avait encore eu la preuve. Alex Carrington et elle avait fait le pari des semaines plus tôt qu’il gagnerait le concours TWIST & SHOUT et maintenant qu’elle avait accepté la demoiselle avait au moins le devoir d’essayer.
Assise au sol, au centre de la salle de danse classique, Thleen finit tranquillement le contenu de la petite bouteille d’eau qu’elle avait pris avec elle pour la répétition et se fixa quelques instants dans l’immense miroir en face.
Depuis deux longues heures, la jeune femme dansait sans relâche dans la pièce. Le soleil était tombé depuis une vingtaine de minute et la nuit avait pour elle, quelque chose d’incroyablement rassurant, souvent même, elle l’inspirait… L’école ne tarderait pas à fermer mais pour l’instant le calme qui l’entouré l’aiderait à trouver la force de danser -ou d’être ridicule.-
La perfection … Depuis toute petite, la jeune femme l’avait toujours visé mais uniquement dans les domaines pour lesquels elle avait de l’intérêt. Thleen Bradford était connu pour beaucoup s’investir et le problème se posait aujourd’hui : elle n’était pas mauvaise en danse classique, plutôt douée même par rapport à la moyenne, mais la jeune femme ne s’était jamais réellement élancé sur le terrain de la danse moderne et pour le concours, il était hors de question qu’elle prépare un ballet.
Doucement, elle se leva, pressa le bouton « play » de la chaine hifi mise à disposition et reprit la danse dans laquelle elle excellait en attendant le pauvre malheureux qui devrait subir ses ordres et sa détermination. Mouvant dans la pièce en s’apercevant de temps à autre dans le grand miroir, la demoiselle perdit pied. Au bout de quelques minutes, la musique avait cette force qu’elle ne s’était jamais : celle de lui permettre de quitter la terre ferme, d’entrer dans un univers ou on ne parlait jamais d’autre chose que de tempo, de tierce, entrechats et autres arabesques …
Le temps s’écoula sans qu’elle ne puisse estimer depuis combien de temps elle dansait et la jeune femme se stoppa quand se stoppa la musique. Rapidement, elle se retourna pour voir qui avait osé arrêter le morceau avant la fin. Son visage froid et professionnel se morpha en un visage plus doux et souriant lorsqu’elle discerna que celui qu’elle attendait venait d’entrer.

***

19h. La plage floridienne était le théâtre des continuelles embrassades de Liam et Thleen. Ils s’étaient revu de nombreuses fois depuis qu’avait commencé cette sorte de relation secréte et une forme de complicité était née entre eux. Elle s’était mis à apprécier ce qu’elle détestait avant … ce qu’elle appelait « gamineries » avant était aujourd’hui devenue de « l’humour » tout autant que ce qu’elle désignait comme de « l’immaturité » le concernant s’était transformé en « joie de vivre » … Son regard sur le jeune américain était différent et elle avait du mal a se l’avouer mais sa présence l’apaisait aujourd’hui.
Thleen, assise à califourchon sur lui, riait en le regardant dans les yeux.
« Mais je ne te demande pas ton avis Liam ! Tu danseras avec moi un point c’est tout » clama-t-elle en posant ses lèvres sur les siennes avant d’inspecter les alentours légèrement méfiante.
Le jeune homme râlait depuis une quinzaine de minute et il fallait le comprendre ! Malgré tout, Thleen ne l’entendait pas de cette oreille et elle lui faisait bien savoir. Toutes les autres âmes charitables prête à consentir, peut-être, à l’idée d’envisager éventuellement à réfléchir au fait de donner une simple esquisse d’un « pourquoi pas » -le champ d’action était donc large- avait simplement catégoriquement refusé ou avait trouvé des excuses –alibis- pour ne pas s’y rendre au coté de la jeune demoiselle.

***

L’irlandaise s’approcha de Liam et l’embrassa rapidement comme par simple habitude.
« Fais pas cette tête ! C’est toi le rigolo de la bande des trois gugusses normalement hein ! » ajouta-t-elle, souriant de l’air blasé de son « amant ». Elle rit un peu avant de continuer « … et là, je t’assure que tu vas en faire rire plus d’une », Thleen accompagna son geste en agitant devant le garçon l’album de la bande originale de la célèbre comédie musicale Grease –le coté kitch avait plu a la jeune femme qui avait longuement hésité entre la célèbre musique de Pulp Fiction et cette comédie-.
Évidemment la demoiselle s’était accordé le rôle de Sandy et offrait –généreusement- à Liam celui de Danny, incluant ainsi coiffure « banane » et veste en cuir.

« Oui framboise … nan … pas framboise … vous avez praline ? alors pral… non ! »
« Thleen … » soupira Liam attendant que la demoiselle fasse son choix, une glace deux boules commençant à fondre entre les mains.
« Attend ! Et banane-framboise c’est sympa comme mélange non ? »
« Ma mère dit toujours … »
« Mme McHarland a même une théorie sur les glaces banane-framboise ? » lâcha Thleen gentiment avant de se pencher à nouveau sur la vitrine propre derrière lesquelles se trouvaient les milles et uns pots de glaces aux nombreuses saveurs.
« …Tu n’aimes pas ma mère » annonça Liam en même temps que son sourire s’envolait.
« Hein ? »
« Je sens bien que tu n’aimes pas ma mère … »
Thleen éclata d’un rire clair en se redressant « Liam j’adore ta mère enfin ! »
« Tout le monde adore ma mère, et ma mère aime tout le monde … quand tu la rencontr…» Le jeune homme laissa sa phrase en suspens et Thleen ne demanda pas son reste. Ce genre de projet d’avenir avait tendance à mettre mal à l’aise un jeune couple alors eux, qui n’en était pas un … Ils se fixèrent quelques longues secondes dans les yeux, un regard particulièrement explicite qu’elle comprit : ils s’étaient fixés des limites et il semblait important de ne pas les dépasser. La jeune femme se retourna rapidement pour fuir son regard « Praline-Framboise s’il vous plait ! » finit-elle par décider, un sourire enfantin jusqu’aux oreilles.

Finalement, Liam et Thleen prirent congé auprès du glacier ambulant et longèrent silencieusement la jetée RickenBacker. Quand la jeune fille estima ce silence trop pesant, elle sourit à Liam« Elle est a quoi la tienne ? » « Non Thleen » « Quoi ? » « Non Thleen, jte vois venir …» « Mais quoi ? … tu me fais goûter ? » la jeune fille accompagna le geste à la parole et s’empara de la glace du jeune homme pour la déguster « hmm, c’est super bon … j’aurais du prendre comme toi … »
Elle ne lâcha pas le cornet avant qu’il ne soit finit d’ailleurs …

* * *

Liam n’était pas si mauvais en danse qu’il l’avait laissé entendre. Il savait suivre le rythme et retenait rapidement les pas … ce qui coinçait c’était surtout le fait de les reproduire mais pour la jeune fille, ça n’était pas du tout alarmant. Elle aurait aimé jouer de la guitare aussi bien qu’il se débrouillait en danse !
Au même titre que le théâtre, la danse était un art particulièrement intime où la confiance était primordiale. Lors de l’exécution du genre de figures que demandait Thleen à Liam, il fallait être en phase avec son partenaire et toute la sincérité que lui inspiré le jeune homme laissait à la petite brune la chance de ne se concentrer que sur ses pas.
Sa concentration à lui n'était pas extensible au delà de 10 minutes mais il savait se faire pardonner en lui prodiguant de langoureux baisers auxquels la demoiselle ne résistait plus depuis longtemps.

Finalement, l’horloge sonna 21h00, soit exactement l’heure de fermeture de l’établissement. Normalement, les salles devaient être libérées beaucoup plus tôt mais lors des conseils de classe, il n’était pas très compliqué de négocier quelques heures de plus avec la concierge.
Loin d’avoir fini la répétition, Thleen avait déjà prévu de se cacher dans la salle juste le temps que Mlle Widmore fasse sa ronde. Malheureusement, bien trop occupé à embrasser le jeune homme, elle ne vit pas le temps passé.
« C’est faux jeune homme ! C’est mal me connaitre » menti-t-elle en souriant « d’ailleurs, il faut qu’on travaille ! » soudain, Thleen fronça les sourcils et reconnut l’air que produisait le sifflement de la gardienne « Merde ! » , la jeune fille se détacha du cou de son amant et attrapa très rapidement tout ce qui lui appartenait évaluant le temps qu’il lui restait pour tout dissimuler selon le sifflement qui approchait.
Lorsque tout fut caché aux quatres coins de la pièce, la jeune fille vit la poignet de la porte tourner doucement alors que Liam et elle-même se trouvaient encore au centre de la salle.

Le jeune homme attrapa sans attendre la main de Thleen. Cachés juste derrière la porte, l'irlandaise retenait son souffle en restant contre le torse du jeune homme collé au mur et absolument décontenancé par ce qui venait de se passer. Son doigt posé sur ses lèvres dans le but d’être sure qu’il se taise, elle attendait stressée à l’idée que la concierge ne se contente pas d’un coup d’œil dans la salle. L’irlandaise l’entendit râler du fait que la lumière soit encore allumée et sourit quand la porte se referma.
Malgré tout, pour plus de sécurité elle ne bougea pas –et puis aussi parce que se lover contre le jeune homme n’était pas désagréable-. Elle sourit doucement fière que son plan ait fonctionné et tourna son regard vers Liam. Le regard intense et relativement sérieux du garçon entraina Thleen a prendre le même rictus. Finalement, elle posa ses lèvres sur les siennes.
Ce baiser fut sensiblement différent des autres, elle l’aurait juré ! Techniquement non, il était identique, leurs lèvres et rien de plus …mais elle avait ressenti au fond d’elle, à l’orée de son cœur, au creux de son ventre une vibration, comme des chatouilles, une sensation si intense qu’elle en aurait eu les larmes aux yeux si elle n’avait pas été aussi heureuse.
Lorsqu'enfin elle sépara sa bouche de la sienne, la jeune irlandaise chercha dans les yeux du jeune homme ce qu’elle venait de ressentir … Malheureusement, elle n’y trouva rien et décida d’agir comme à son habitude, comme si de rien était, fuyant et n’assumant pas ce bazar que créer le moindre regard du jeune homme en elle. Rapidement, Thleen se redressa et reprit ce sourire qu’elle savait si bien manier et qui servait à masquer son manque d’assurance.
« On … oui ! je disais : 3 pas en avant … tu tournes, balancé à gauche, tête. Tu suis Travolta ? »