Lâches mon peignoir ▬ australia

« MAIS BORDEL TU BAISSES TA MUSIQUE. »

Ce bruit insupportable allait le rendre fou. Son imbécile de colocataire s'amusait à passer toutes les chansons de James Morrison à fond la gamelle, et à chanter par dessus. Waylon allait traverser le mur, l'étrangler et aller se recoucher. Il était dans les dix heures du matin, et la veille, il avait bien fêter .. il ne savait pas quoi. Il n'avait pas de raison particulière pour faire la fête. Il était rentré plutôt tard, et l'autre s'amusait à troubler son sommeil. Se frottant les yeux, il sortit en furie de son lit. Il rentra en trombe et en oublia presque qu'il était en boxer. Sachant sa colocataire plutôt porté sur la chose, il débrancha violemment la chaine hifi et la gratifia d'un sourire arrogant.

« Et tu pourrais arrêter de t'époumoner parce que j'ai bien peur que le déluge n'arrive. »

Il faillit se prendre un chausson dans la tête, et retourna dans son lit. Sauf que le sommeil s'était barré sur son cheval blanc. Il ronchonna, se leva & enfila un peignoir. Puis il alla manger quelque chose. Se traînant dans la cuisine, il attrapa la boîte de céréales sur le comptoir. Et il écarquilla les yeux.

« JE T'AI DÉJÀ DIT QUE LES CHOCAPICs C'ÉTAIT LES MIENNES. MERDE. »

La nuit avait été rude et particulièrement agitée. Non, je ne dis pas ça ... Mais vous êtes que des pervers de toute façon. Laissez tomber. Et voilà que Waylon, son imbécile de colocataire qu'elle avait rencontré je ne sais comment, débarquait dans sa chambre en gueulant. Manquait plus que ça.

« T'ES PAS OBLIGE DE GUEULER, BLAIREAU ! »

Ah, l'amitié ; c'est magnifique. Facile et qui ne vous apporte pas trop d'emmerde. Enfin ça dépend. Quand votre colocataire se nomme Rockefeller, l'amitié peut s'avérer être une chose particulièrement délicate à apprivoiser. Surtout quand le mâle en question était plutôt un, arrogant, deux, arrogant, et trois, ~~beau et irrésistible~~ encore une fois arrogant. Pourtant, sans mentir, elle aurait donner beaucoup pour passer une seule petite nuit dans ses bras. Réveillée depuis trois quarts d'heure et en pleine forme, Australia s'en alla dans la cuisine rejoindre son ~~étalon~~ colocataire un peu trop râleur à son goût.

« Je suis navrée, Waylon, mais la bouffe ici c'est à tout le monde. Du moment qu'on partage le loyer en deux, en partage tout, en deux ... Et si t'es pas content, ben c'est pareil. »

Vêtue d'un débardeur et d'un mini-short, un chausson à la main prête à frapper au moindre geste brusque, Australia se posa sur le comptoir et fixa le brun.

Et en plus, elle se permettait de lui faire des leçons de déontologie. Il haussa un sourcil, et fouilla dans le placard. Il allait se venger sur les Miel Pops de madame. Il en prit une poignée, les fourra dans sa bouche, et les mâchonna bruyamment, rien que pour l'emmerder.

« Pas mal, pas mal. Tiens, merci au fait. »

Il ouvrit la poubelle en grand, et versa le reste dedans. Waylon, roi du gâchis. De son sourire arrogant, il la fixa, et ensuite soupira.

« Je me demandais pourquoi tu as les yeux bleus. J'ai trouvé maintenant. »

Il se mit à rire, de sa blague merdique. Puis, il alla se planter devant la télé. Elle allait tenter de l'étrangler peut être, mais merde, elle l'avait réveille tôt. Et il détestait ça. Alors il tourna la tête, et soupira.

« Sur dix mille filles à Miami, je me tape la plus chiante. Youhou, supra top. »

Bien sûr, il le cria tout haut. Il vit sa grimace et renchérit.

« Attention, tu pourrais rester comme ça toute ta vie. Déjà que normale, tu fais peur. »

Il exagérait grandement. Au fond, il la trouvait super mignonne. Il n'aurait pas dit non à une nuit, mais le problème, c'est qu'après, il devait se la coltiner tous les jours. Il eut un déclic à cet instant précis. Et si ils s'amusaient avec une relation plutôt amélioré ? Du genre, je couche avec toi, et je l'oublie le lendemain, jusqu'à la prochaine fois. Il la regarda, se mordit les lèvres et volontairement, se débarrassa de son peignoir. Il était toujours sur le canapé, moulé dans son petit boxer rouge qui contrastait avec sa peau bronzé.

Oh mon dieu, Waylon était certainement le mec le plus con au monde. Australia le fixa bêtement pendant plusieurs secondes, une grimace désapprobatrice dessinée sur les lèvres. Pourquoi lui ?

« Waylon, je ne vais pas te dire que tu me tape méchamment sur les nerfs parce que ça te ferait trop plaisir, mais saches que tu es le mec le plus débile que je connaisse. Gâcher des Miel Pops, faire des blagues carambar, c'est ton trip ? Bien. Et après, c'est toi qui te tape la colocataire la plus chiante ? Mais toi, tu es un minable ! »

Elle n'était pas en colère, elle faisait juste semblant de l'être. Elle se dirigea alors vers le salon, dans le but de s'étaler sur le canapé, mais le brun s'y vautra avant elle, prenant ses aises ...

« Tu veux jouer ? D'accord ... Tu permets ? »

N'attendant même pas sa réponse, Australia étala ses longues jambes nues sur le bas ventre de Waylon, tout en détournant le regard vers la télévision. Le pire, c'est qu'elle aimait bien les dessins animés qui passaient. Ne prêtant plus attention à l'autre crétin en boxer rouge, elle s'autorisa à emprunter son peignoir qui recouvrit bientôt le haut de son corps, en profitant pour humer discrètement l'odeur qui s'en dégageait.

Des fois, elle le faisait bien rire. Comme maintenant, où elle prenait sa voix de fausset et qu'elle s'énervait sur son colocataire. Il zappa complètement ce qu'elle venait de dire, simplement parce que son objectif premier devait s'accomplir. Un, la séduire, deux, lui rouler une galoche, trois la foutre dans son lit pour un matin torride. Et là, elle lui tendait une perche monumentale en laissant ses longues jambes épilés et bronzés sur lui. Il la vit agiter son peignoir, et sourit dans sa barbe. Elle craquait déjà. Il le savait depuis qu'ils s'étaient vus. Certaines fois, il savait qu'elle l'observait dans la douche. Mais il préférait se taire. La situation était différente maintenant. Il mit ses mains sur ses jambes et doucement, les caressa d'un geste ample. Et puis il se leva. Autant la faire languir, elle en bavera après. Il se dirigea vers la salle de bains, et il sentit le regard de la blonde sur lui. Il s'empressa d'enlever son boxer, pour montrer son postérieur musclé et parfait. Et il sourit à lui même, et cria.

« Au fait. On devrait économiser l'eau. Si tu viens pas, tu vas mourir de froid après moi. »

Il racla sa gorge, et se faufila dans la douche. Il l'attendait.

Ce qu'il pouvait se montrer bête parfois. Si il croyait qu'Australia se laisserait faire comme ça, il pouvait se mettre le doigt dans l'oeil. Pauvre garçon, pensa t-elle.

« Tu sais Waylon, tu ne devrais pas te fier à ma réputation. Si tu crois que je vais me laisser avoir par une paire de fesses, certes parfaite, tu te gourres mon cher. Si tu veux avoir le privilège de toucher ne serait-ce qu'une parcelle de ma peau, il va falloir faire mieux. Beaucoup mieux. »

Cette fois, elle ne le regardait plus, trop fière d'elle-même. Première fois qu'elle résistait aussi facilement ; une grande première en quelque sorte. Et tant pis pour l'eau froide. Elle préférait largement se geler sous la douche, quitte à se transformer en glaçon, plutôt que d'entrer dans son petit jeu minable. Comme pour montrer son dédain, elle se leva et s'éloigna jusqu'à entrer dans sa chambre. Là, elle s'empressa de monter le son de la chaîne-hifi aussi fort que tout à l'heure, et se mit à chanter à tue tête, une brosse à cheveux dans la main droite, un chausson de Waylon dans la main gauche.

Il était vexé, mais il ne le dirait pas. Alors, il prit une douche rapide, laissa couler l'eau chaude ensuite, mettant le thermostat à 40 degrés. Comme ça, elle allait souffrir sous l'eau gelée. Waylon sortit vêtu d'une simple serviette, et entendit à nouveau sa voix stridente. Il roula des yeux, ce qu'elle pouvait être exubérante. Il rentra dans sa chambre, débrancha le fil de la chaîne hifi, et arracha le fil qui le reliait à la prise. Fier de lui, tenant sa serviette d'une main car elle avait déjà vu ses fesses une fois, il brandit le fil dans sa main, et avança. Elle semblait furieuse, et il intercepta son chausson, lui forçant à le lâcher.

« Lâches le, ou les représailles seront cruelles. »

Il se mit à sourire, avec son air arrogant et elle lâcha prise. Bien fait, il ne la supportait pas. Et si elle croyait qu'il allait se battre rien que pour coucher avec elle, elle se fourrait le doigt dans l'oeil. D'ailleurs, il le lui fit savoir.

« Oh, c'est toi qui paye la facture d'eau ce mois ci. Et tu devrais éviter de mettre des mini shorts, ca te grossit des fesses. »

L'eau coulait toujours, pour information.

Il était probablement l'homme le plus arrogant et sûr de lui, en apparence, qu'elle connaissait. Mais au fond, elle était persuadée qu'il se vexait souvent, comme aujourd'hui. Obligée de lâcher son chausson, elle resta debout au pied du lit en le fixant. L'eau qui coulait, à jamais gâchée, la faisait bouillir mais elle ne le montrait pas. Son porte-monnaie était assez gros pour encaisser. Lorsqu'elle comprit que cette fois-ci, elle ne gagnerait pas, la jeune femme sauta du lit et se précipita dans la salle de bains pour y arrêter l'eau brûlante coulant à flots. Question de principe. Elle revint dans sa chambre, le visage déformé par une nouvelle moue.

« Avoue que tu les aime mes fesses, ça te coûte rien ; je t'ai bien dit que ton postérieur était parfait, hein. La franchise toi, tu connais pas. »

Qu'il pouvait se montrer agaçant avec son sourire niais affiché sur les lèvres.

« D'ailleurs, en toute sincérité, je ne suis même pas sûre que tu connaisses le sens de ce mot. »

Elle se mit à rire, intérieurement. Australia savait pertinemment que son colocataire ne se laisserait pas faire aussi facilement, et qu'ils n'allaient pas en rester là.

Elle avait beau essayé de reprendre l'avantage, c'était une peine perdu. Il avait souvent le dernier mot, arrogant et nihiliste comme il était. Il trouvait toujours une parole blessante, souvent ironique mais quand même vexante. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était rentrer dans son jeu. Alors, il alla dans sa chambre enfilé quelques vêtements. Un tshirt et un short de plage faisaient l'affaire. Il passa la main dans ses cheveux, puis regarda sa colocataire, qui semblait largement dépitée.

« Et toi, tu connais pas le mot régime. »

D'accord, il y allait fort, mais c'était fait pour l'emmerder. Elle n'avait rien à perdre, rien à prendre, elle le savait sûrement. Mais il avait besoin de lui rappeler qu'il prenait toutes les filles, où il voulait, quand il voulait. Et qu'il était parfait en tout point. Enfin, son caractère laissait à désirer, mais il en avait absolument rien à foutre de ce qu'on pensait de lui. Sa vie était dédié à une seule femme, et Australia n'était pas prête de lui arriver à la cheville.

La blondinette s'allongea sur le lit et ferma les yeux. Si seulement il savait à quel point ses paroles lui passaient au dessus de la tête ... Elle connaissait peu Waylon, mais assez pour savoir qu'il avait un coeur, même caché par les muscles saillants, et qu'il n'était certainement pas vide. Elle savait aussi que, elle, n'y avait certainement pas sa place. Comme il le disait si bien, elle lui tapait sur les nerfs, alors autant ne pas espérer avoir un statut trop important à ses yeux. C'était mieux ainsi.

« Je préfère être grosse et intelligente plutôt que belle et n'avoir rien dans le cerveau. »

Depuis le début, c'était la toute première fois qu'elle avait pris un ton assez sérieux, et elle était sûre que ça n'avait pas échapper à son colocataire. Elle était sincère, elle, au moins. Se tournant sur le flanc, elle fit une moue boudeuse derechef. Qu'il aille au diable, tiens.

Un petit rire ironique s'échappa de sa gorge, alors qu'elle essayait de lui faire la leçon. Si elle croyait pouvoir le vexer à nouveau, jamais. Il gratta sa nuque, et c'était tellement désolant de la voir essayer de se rendre sérieuse qu'il faillit se rouler en boule pour exploser de rire. Mais bon, on évitera de ce côté là. Il arriva à l'ouverture de sa porte et croisa les bras. Son sourire arrogant avait été dessiné pour aller pile à la bonne place. Il lui allait parfaitement, le rendait encore plus mignon qu'il n'était et lui donnait ce charme jenesuispasaccessible que toutes les femmes voulaient sur leurs hommes. Il appuya son épaule sur le coin, et soupira.

« Boudes pas Goodridge. Faut juste arrêter de me piquer mes Chocapics. Tu crois que je t'entends pas te lever la nuit ? »

Il sourit à lui même, et alla s'asseoir sur son lit. Il observa sa chambre un instant, et soupira )à nouveau.

« Tu crois que un jour, tu pourrais arrêter d'être fan de choses vraiment futiles ? Les Spice girls, c'est vraiment craignos. »

Sérieusement, il se mit à rire, enfin à se moquer.

Discrètement, elle ne put s'empêcher de sourire.

« Rockefeller, tu ne cesse de me chercher et de me taquiner parce que je te plais, pas parce que je bouffe tes Chocapics en cachette. Ne dis pas le contraire, ça va m'énerver. »

Là, elle attendait simplement un tout petit peu de sincérité de sa part. Et si il continuait à lui parler comme il le faisait, alors elle continuerait de bouder, sans doute. Après tout, était-ce trop lui demander ? Australia se redressa et le fixa méchamment. Les posters présents dans la chambre n'étaient pas les siens, et il le savait très bien. Lorsqu'ils avaient emménagés ensemble dans ce petit appartement, Waylon avait décidé que la plus grande chambre serait pour lui, et l'autre blindée de posters ridicules pour la blondinette. Sur le moment, elle n'avait pas fait la mauvaise tête ; tant qu'elle avait un toit, tout lui convenait. A cet instant, elle regretta presque d'avoir accepté.

« Tu sais que si tu continue, je ne vais pas tarder à te détester ? »

Avant qu'il ne daigne répondre, la jeune femme le frappa sur l'épaule avec le chausson qui jusqu'à présent avait été sur le sol. Il le méritait amplement.

Et elle osait lui soutenir qu'elle lui plaisait. Comment elle le savait ? Elle se trouvait sur son entrejambe à cet instant précis ? Il ne pensait pas qu'elle puisse voir à travers les vêtements. Puis de toute façon, le chapiteau n'était pas levé, donc qu'elle aille se faire voir. Comme elle disait si bien, si elle continuait, il allait la détester. Et vice versa. Le partenariat ne serait que plus emmerdant.

« Si tu crois que tu me fais peur, avec tes poings qui font deux centimètres d'envergure. »

Il se leva de son lit, et lui tira la langue. Il pouvait paraître enfantin quelques fois, mais bon, elle le cherchait et il en avait marre d'abuser des blagues vaseuses, sa spécialité en passant. Prenant son portable dans sa poche, il bailla.

« Il est que dix heures et demi. Bordel, tu m'as réveillé à cinq heures ou quoi ? »

Il fit les gros yeux, et alluma la télé qui se trouvait dans la chambre de la blonde. C'était marrant de squatter.

» AUSTRALIA. Ouais, j\'suis bonne (a).