Biche, oh ma biche [R.]

Septembre définissait la rentrée, la tourmente des longues heures de cours, du brouha dans les couloirs, des répétitions à longueur de journée mais pour Carter, la rentrée, c’était bien autre chose. C’était retrouver Meadow, sa meilleure amie. Quatre ans de chamailleries, quatre ans de fou rire incontrôlable, quatre de tendresse, quatre ans que Carter n’aurait jamais le courage d’oublier. Elle faisait parti de lui comme si son propre sang coulait dans celui de sa meilleure amie. Il la voyait comme une sœur qu’il devait protéger mais quelque chose en lui - et ceux depuis la fin de l’année dernière - avait du mal à définir le regard qu’il lui portait. Durant deux mois, il avait tenté d’oublié cette sensation bizarre qui était née mais il avait eu beau avoir la volonté rien ne l’avait effacé. Même les bras de toutes les femmes n’auraient jamais pu faire sortir le visage de Meadow de son esprit quelque peu perdu.

Cette rentrée signifiait donc davantage pour lui que toute les autres.

Carter et Meadow avait pour habitude de se retrouver tout les matins au parc de l’école. C’était leur rituel, celui qui leur permettait de se motiver pour la journée. Leur cursus identique leur permettait même d’aller en cours cote à cote à se raconter les dernières nouvelles ou à s’envoyer des piques qui les menait souvent à un affrontement amicale. Aujourd’hui, Carter avait musique, Meadow danse. La danse c’était la seule matière qui les différenciait. Le jeune anglais était piètre danseur. Faire la biche c’était vraiment pas son truc.

Installer contre un arbre, l’étui de sa guitare dans sa main, Carter regardait à droite et à gauche, sifflotant un air de musique. A première vue, c’était du jazz. Puis, une silhouette s’immisça à l’horizon. C’était Meadow. Heureux de savoir qu’elle n’avait pas oublié leur rituel durant l’été (il avait toujours cru qu’elle avait une mémoire de poisson rouge) il s’avança vers sa meilleure amie.

« Meadow ! » lança-t-il tout sourire. Sans qu’il ne s’en rende vraiment compte, ses sourcils se froncèrent. Adoptant une moue dubitative, il continua « Quelque chose à changer. » Sa main se porta à son menton comme si il se mettait à réfléchir. « Je sais » EUREQUA « Tu as pris du poids nan ?! »

Deux mois de repos bien mérités pour Meadow, et tous les autres étudiants du monde entier. La jeune femme en avait pleinement profité et aussi surprenant que cela peut paraître, le mot « septembre » ne lui a fait aucunement peur. Celui-ci était synonyme de retrouvailles avec Carter, son meilleur ami depuis désormais quatre ans. Et ça, c’était du bonheur, équivalent à celui qu’elle avait pu vivre durant l’été. Bien sûr, elle se garderait bien de le dire au principal intéressé. Car, bien qu’il y ait beaucoup de tendresse, et de complicité entre les deux meilleurs amis, leurs retrouvailles tournaient toujours en chamaillerie. Et c’était ça que Meadow aimait, ces changements dans leur relation qui faisaient qu’ils s’adoraient plus que tout. D’ailleurs, la jeune femme le voyait comme son frère. Ou du moins, elle aimait se l’imaginer.

Comme chaque matin, Meadow retrouvait Carter au parc de l’école. Et la plupart du temps, ils se rendaient dans leur salle de cours ensemble. Et oui, c’était ça l’avantage d’avoir pris les mêmes options. Enfin, presque les mêmes options serait plus juste à dire car la jeune Ensworth dansait, chose que Carter ne ferait jamais. Et c’était mieux ainsi, pour tous. Meadow avait déjà vu à l’œuvre son meilleur ami sur une piste de danse, et elle n’avait pu s’empêcher d’en rire. Il avait bel et bien besoin de cours, mais bien entendu, monsieur préférait critiquer que de progresser. Soit. Meadow aura de quoi se moquer à leur prochaine sortie en discothèque comme ça.

Elle l’aperçut au loin. Contre un arbre, avec l’étui de sa guitare à la main. Carter était un musicien, et Meadow adorait lorsqu’il se mettait à jouer, et à chanter. Bien souvent, elle s’y mettait aussi. Ils partageaient la même passion, qu’était le chant avant tout, et la musique. C’était comme ça qu’ils s’étaient rapprochés et étaient devenues les meilleurs amis au monde.

« Carter ! » avait-elle aussi répondu à l’entente de son prénom. Bien entendu, elle n’avait pu s’empêcher de le dire sur le même ton qu’avait employé Carter. Après tout, cela faisait deux mois qu’elle n’avait pu l’embêter, il fallait rattraper le temps perdu. D’ailleurs, Carter semblait vouloir la même chose, car aussitôt que la jeune femme l’eut rejoint, il commença à la taquiner. « Toi, en tout cas, tu n'as pas changé. Toujours aussi sympathique, ça fait plaisir à voir. »