Ouf ! OMG enfin arrivée à destination ! | RESERVED FOR RAPHAEL

Une cigarette à la main, Raphaël quitta l'immeuble immense où il habitait. Toutes chambres étaient rassemblées à l'intérieur, formant ainsi une petite résidence fort sympathique. Pour le moment, il ne connaissait pas son colocataire, mais ne tarderait pas à savoir si il l'appréciait ou non. Il lui suffisait d'un coup d'oeil, précis et efficace, pour déterminer si oui ou non une relation peut s'établir entre eux. C'était presque mécanique et en aucun cas pervers ou calculateur. C'était ... Raphaël tout simplement. Sa clope devint rapidement un mégot, qu'il jeta froidement à terre, alors que la journée commençait doucement. Il avait déjeuner tranquillement, sans se presser, les cours n'avaient pas encore commencé ; enfin, il n'y avait pas encore assisté. Que faisait-il déjà ? Ah oui, français et italien, bien qu'il soit français et ne comprenne pas parfaitement l'anglais, et puis musique, arts plastiques et arts cinématographiques. Mouais. Tout ceci ne le passionnait pas énormément, sauf la musique et les arts plastiques. Il éprouvait un réel plaisir à dessiner quelque chose, mais spécialement des humains - et surtout des femmes - ainsi qu'à prendre sa guitare pour jouer un petit air. Même s'il ne se débrouillait pas très bien, cela suffisait pour faire quelques accords et paraître fort, auprès de ses amis. Mais peut être plus à l'université de Miami, où un niveau très bon est demandé. Raph' soupira puis s'activa. Sa veste en cuir sur le dos, il n'avait pas froid. Pas d'écharpe ; il n'avait pas prévu un 'froid' pareil. Bien sûr, il était à Miami, là où il fait toujours beau. Mais pas si chaud, enfin pas ce jour là. Le soleil était absent, ou bien simplement caché par les nuages, ce qui répandait une fraîcheur importante sur toute la ville. Mais même sa veste ouverte, il avait un peu chaud. Décidément, il ne s'y habituerait pas, lui, parisien.

Assis sur un banc qu'il trouvait simple mais confortable, le jeune homme soupira longuement. Était-il le seul français à Miami ? Au fond de lui il espérait que non : il pourrait enfin tenir une conversation acceptable, et puis se moquer des américains sans problèmes. Mais cela ne lui était pas encore possible. À moins que ... de loin, il aperçut une jeune femme très jolie, en tout cas elle lui paraissait plus attirante que toutes celles qu'il avait vu jusqu'alors. Elle semblait au dessus des autres. Fort étrange. Intrigué, Raphaël l'observa pendant quelques minutes, puis elle se retourna et l'aperçut. Il sourit légèrement, un petit sourire en coin, puis détourna le regard. Elle avait quelque chose de français, un petit quelque chose parisien. Il en aurait le coeur net. Au milieu de cet univers américain et espagnol, si il criait un mot français, cela éveillerait son attention. Il essaya, d'une voix grave et puissante : " PARISIEN ! ET ALORS ? " Oui, façon étrange de l'aborder. Mais aussi attrayante, et puis marrante. Harris réfléchissait rarement aux conséquences de ses gestes, et se fichait bien du regard que les autres pouvaient porter sur lui.

Seul sur son banc, Raphaël pensait, tout simplement. Il pensait à Paris, il pensait à la France. Que lui avait-il pris ? Pourquoi l'avait-il quittée ? Dans un instant de folie, il s'était dit qu'il réussirait mieux ailleurs, et qu'il ne se sentait pas chez lui là bas. C'était à moitié vrai. Bien sûr il était parti sur un coup de tête, mais n'avait pas - encore - pensé aux conséquences de son acte. À vrai dire il s'était juste dit que l'ambiance ne pouvait être que meilleure, et le beau temps plus présent, et la plage disponible toute l'année, et les cours plus intéressants, et la diversité plus grande. Ceux ci n'étant que les points positifs de Miami, bien sûr. Et il n'avait pensé que les jours seraient longs, que ses contacts seraient anéantis, qu'il devrait se refaire des amis, des petites amies, des ennemis, et qu'il devrait rester éloigner de sa famille - quoique ses parents n'étaient pas non plus ceux qui lui manquaient le plus, mais tout de même. Alors, une légère brise secouant ses cheveux secs et déjà en bataille, sous la chaleur d'un soleil rayonnant, Raphaël soupira discrètement. Et même si il était plutôt fier d'avoir réussi à entrer dans l'école, il ne savait toujours pas bien parler américain ou espagnol, grosse lacune, ici, aux états-unis. Mais il restait satisfait de l'ambiance générale de l'université, de la qualité des cours et des professeurs, de la gentillesse et la politesse des autres avec lui, et aussi du beau temps - qui le changeait beaucoup. Même les bâtiments de l'internat lui plaisaient, plus étrange déjà. Raphaël, ses écouteurs dans les oreilles en écoutant tantôt les Strokes, tantôt David Bowie, tantôt les Virgins, avait, dans un élan extraordinaire, crié qu'il était parisien. Bien sûr ils étaient tombés, et son iPod avait manqué de se fracasser en deux - surtout l'écran, en fait. Il les ramassa aussitôt, puis remarqua que plusieurs paires d'yeux étaient rivées sur lui; tel un acteur, pourtant très mauvais, il esquissa un large sourire puis lança un regard complice et amusé à la fille qui se dirigeait vers lui. Mais ... cette démarche singulière, cette odeur délicieuse, féminine, corsée, et cette chevelure blonde et longue ... Il reconnaissait tout cela. Pas très sûr de lui, mais presque. Il ne se rassit pas et attendit qu'elle soit arrivée près de lui pour le faire.
Effectivement, après s'être rappeler de quelques détails - que elle avait été sa petite amie, sa meilleure amie, sa partenaire d'activité ... dans le lit .. - il en conclut qu'il la connaissait. Jasmina, de son nom. Très original, très parfumé, très "elle". Il sourit légèrement, puis répondit d'une voix claire : " Vive la France, oui ... Roger va bien, quant à Colette ? Quelles nouvelles ? "
Son sourire s'élargit considérablement. Elle l'avait manqué plus qu'il ne l'aurait cru. Et cette présence "française" le réconfortait, lui qui se sentait si seule. Il était vraiment heureux de l'avoir retrouvée, excentrique à souhait. Elle avait même dépassé ses espérances. Et en se passant la main dans les cheveux histoire de les recoiffer en les décoiffant - tout une technique, mais naturelle chez lui, bien sûr - il répliqua à son tour : " J'ai énormément aimé, jeune comédienne. D'ailleurs j'ai des cours de cinéma, mais cela n'a rien à voir avec le théâtre, je te rassure :p Ah, et je suis à Miami parce que ... parce que. J'en avais envie, c'est tout. Tu ne peux pas comprendre, sale demi parisienne "
Il lui tira la langue, puis l'invita à s'assoir à son tour. Et pour toute réponse à ses dernières paroles, Raphaël l'enlaça doucement, presque ému. Il ne s'y attendait pas du tout. Puis il déposa un baiser sur ses joues roses, un simple bisou. " Moi aussi, Jasmina. " Il éteignit définitivement son iPod et décida que cette journée serait une merveilleuse journée, pleine de rebondissements heureux. En espérant qu'il ait raison, et que cela se termine par une belle nuit, dans un lit ...