Maybe [Adam <3]

Décidemment, Eve ne se faisait pas à cette carte en plastique qui servait de clé. Et à comme à chaque fois qu'elle s'énervait sur cette clé, elle se souvenait de cette nuit où leur liaison avait commencé. Elle avait pris une chambre d'hôtel lorsque son appartement avait été inondé. Merci les abrutis de voisins du dessus qui avaient oublié de fermer un robinet. Et ce soir là, elle avait passé une excellente soirée avec Adam. Ils étaient tellement proches qu'on aurait pu les prendre pour un couple. A l'époque, ils n'étaient qu'amis. Depuis pas mal d'années d'ailleurs. Avant qu'il ne se marie. Mariage auquel elle n'a pas souhaité se rendre, elle ne connaissait personne de l'entourage de son amant. Elle ne se serait donc pas sentie à sa place. Et donc, ce soir-là, après l'avoir laissé, pour rire, quelques minutes dans le couloir, ils s'étaient embrassé, puis avaient fait l'amour d'une telle façon qu'Eve n'avait jamais connu. Le lendemain matin, n'écoutant que sa tête, elle avait presque filé en lui expliquant qu'il n'avait pas à se justifier, qu'elle avait aimé la nuit qu'ils avaient passé ensemble et que s'il le souhaitait, elle ne remettrait jamais ça sur le tapis. Mais ils avaient continué.

Et ce soir n'échappait pas à leurs habitudes. Elle se répétait telle une ritournelle qu'elle pouvait si elle le voulait arrêter cette liaison dès ce soir et qu'elle n'avait pas besoin de lui. Mais son indépendance avait été mise à rude épreuve ces derniers temps. Chaque parcelle de son corps le réclamait et cette dernière semaine avait pris la forme d'une torture extrème. Alors lorsqu'elle entendit trois petits coups à la porte, elle ne put s'empêcher de trembler. Son coeur se mit à battre plus fort qu'il ne battait déjà. Vêtue d'une chemise noire transparente ainsi qu'une jupe en soie de la même couleur, elle s'en alla ouvrir la porte et tenta d'agir le plus naturellement possible, mais son corps la trahissait déjà.

Direction le Delano. Adam insista sur l'accelerateur de sa Jaguar XF, il avait hate d'y être. Non, un publiciste ne peut pas se payer ce genre de voiture en un claquement de doigt, ses beaux parents eux, oui. Ils le lui avaient offert pour celebrer les 5 ans de mariage avec leur merveilleuse fille, Elena. Mariage arrangé. La Jaguar n'était qu'un moyen comme un autre pour les parents de la belle de garder le mariage à flot. Un moyen de pression, tout simplement. Ils s'étaient rencontrés par le biais de leurs parents donc, et dès le début, il n'avait été attré que par ses jambes fines et sa poitrine parfaite, alors que dans ses yeux, il pouvait déjà voir qu'elle l'aimait. Ca le genait, de voir dans les yeux de sa femme quelque chose qu'il n'eprouvera jamais à son egard. Alors il l'evitait, ou du moins il essayait de passer le moins de temps avec elle. C'est comme ça qu'à chaque fin de journée, il evitait ses appels et allait se refugier au Ragazzi ou sur la plage avec sa seule amie de longue date, Eve. Il appreciait sa compagnie, elle était la seule à lui faire oublier sa vie amoureuse moribonde. Alors il continua ce train de vie, en se disant que d'avoir un bon travail et une bonne amie, c'est déjà ça. Jusqu'à cette soirée, où Eve et lui, lors d'une de leur soirée habituelle ou presque, s'étaient rapprochés et de fil en aiguille, avaient finis dans le même lit. Cette nuit là, il la regarda pour la première fois. Il la voyait differemment desormais. Il en tomba eperdument amoureux, de cette femme independante et forte. Il ne pouvait plus s'en lasser, de sa presence, de son corps contre le sien, chaque soir. Un nouveau train de vie prit alors forme. Ils se retrouvaient comme d'habitude, mais au lieu de boire un café, ils faisaient l'amour comme si c'était la dernière fois. Au bord de son bolide, il sortit de ses pensées et alla se garer devant l'hôtel. Adam leva les yeux au ciel, puis regarda sa montre, avant d'entrer dans le batiment. Il conaissait le numero de chambre par coeur. Troisième etage, porte 321. Il toqua à trois reprises, passa une main sur sa chemise noire et rectifia sa cravate. Il attendit quelques instants avant de voir la porte s'ouvrir. Un franc sourire, une bise sur sa bouche fine et le voila entré, prêt à aimer.

Elle lui ouvrit. Le laissa l'embrasser. Elle le laissa enlever sa veste et traversa le couloir jusqu'à la fenêtre où elle contempla la baie de Miami. Elle ne voulait passer pour celle qu'elle devenait. Dépendante d'Adam. Il fallait le reconnaître. Alors Eve essayait, autant que faire se peut, de paraître détachée. De rester à distance. Elle avait toujours été plus ou moins comme cela de toutes façons. Elle passa son doigt à travers les rideaux, sentit la douceur de la soie, et les ouvrit légèrement. A cette heure-ci on ne voyait plus grand chose à vrai dire. Seulement les courses effrénées des voitures dans la nuit. Et au bout de quelques minutes, elle se retourna. Il était derrière elle. La jeune femme s'ordonna de ne pas trembler, de rester forte. Elle passa une main dans la chevelure soyeuse de son amant et l'embrassa longuement. "Comment vas-tu?" Demanda-t-elle simplement. Elle avait envie de savoir. Comment il se sentait. S'il était heureux. Elle n'était pas avec lui que pour le sexe. C'en était presque secondaire. Avant tout, ils étaient amis, peut-être même meilleurs amis. Elle l'écoutait parler de tout et de rien, elle avait besoin de l'écouter se confier presque comme elle avait besoin de se nourrir. Et si elle ne pouvait se nourrir que de cela, de ses bras qui l'entouraient, comme à ce moment précis, elle n'aurait même plus besoin de lmanger.

Une fois entré, il hota sa veste pour l'accrocher sur le porte-manteau à ses côtés. Adam contempla au loin Eve, evasive, regardant le ciel noir de Miami de ses sublimes yeux bleutés. Il marqua un temps. Qu'y avait-il dans cet esprit en ce moment même ? Les âmes soeurs savent lirent dans l'esprit de leur moitié non ? Alors à quoi pouvait-elle bien penser ? A leur futur ? Surement. Si il avait été à sa place, en ce moment même, c'est ce à quoi il aurait penser, nuit et jour. Ils pouvaient profiter de leur amour un temps mais tous les deux savaient qu'un jour leurs affaires se compliqueraient. Adam, lui, savait que c'était de lui que venait le hic. Il était marié, pire encore, il n'aimait pas sa femme. Pire oui, parce qu'il lui faudrait beaucoup de courage et beaucoup de pansements pour annoncer à son friqué de beau-père -organisateur et responsable du mariage- qu'il quittait le navire. Se mettre toute sa famille à dos, c'est dur. Mais l'amour n'est-il pas plus fort que tout ? En tout cas dans son monde, dans son travail, l'amour n'était qu'une facade, l'argent l'emportant toujours sur le reste. Etre publiciste n'arrange pas les choses, alors un homme comme lui, avec tous les avantages dont il pouvait profiter, était-il capable de tout plaquer pour l'amour de sa vie ?....Oui.

Mais il ne pouvait pas lui balancer ça comme ça. Les promesses, c'était pas son truc. Trop de chance pour que sa foire, avec la chance qu'il a. Lui, il passait à l'action. Ce soir ? Maybe.

Il alla enfin la rejoindre. Se posant derrière elle, qui se retourna et l'acceuillit d'un baiser fougueux et d'une question trop existentielle à son gout, "comment ça va ?" Bonne question. Il fit mine de ne pas repondre à sa question et alla poser ses lèvres dans les profondeur de son coup lisse. Le beau brun remonta son regard jusqu'au sien puis decida de rompre le suspense.

"Contrat toujours en suspend, manque d'idées, client têtu, secrétaire empotée, femme chiante, journée banale quoi..." Sa remarque sur Elena l'avait un peu gené, comme toujours à chaque fois qu'il parlait d'elle, mais reussit à continuer..."Et toi ? Ca va ? Tu m'as l'air bien pensive...Quelque chose te tracasse ?" Il savait qu'il empruntait un chemin perilleux, celui de la discussion serieuse mais il était prêt, si elle en avait envie.

Elle soupira. Le fait d'avoir mentionné sa femme lui avait déjà remis les pieds sur terre alors qu'ils n'avaient encore rien fait, ou si peu, de la soirée. Alors, pour éviter qu'il ne lise en elle tel un livre ouvert, elle se dirigea vers la table où était déjà posé son sac à main. Eve s'assit tout en attrapant son paquet de cigarettes. Cela allait peut-être l'apaiser. Tout en l'allumant, elle regardait ailleurs. "Pourrais-tu ouvrir la fenêtre, s'il te plait?". Elle marqua ensuite un long moment. Elle était en train de chercher ses mots, comment lui dire qu'elle n'était vraiment pas faite pour ça. Sa cigarette était déjà entamée de moitié lorsqu'elle reprit la parole. "Adam, s'il te plait. J'adore t'entendre parler, je suis ton amie après tout. Et puis j'ai envie de savoir, mais..." Elle marqua à nouveau une pause, et frissona. La température était pourtant plus chaude que le désert d'Arizona, mais elle frissonna. Elle n'était définitivement pas faite pour ce climat. Comme elle regrettait ses montagnes. "Je ne suis pas faite pour ça. J'ai déjà essayé. La vie à deux enfin le fait d'être ensemble, tout ce qui va avec, de parler de ce qui va ou ce qui ne va pas. Tu as une femme pour ça il me semble." Et aussitôt elle regretta ces paroles. Elle savait pertinnement que justement, sa femme n'était pas là pour ça, qu'il ne voulait pas lui parler. Mais quand même. Elle avait besoin de lui faire comprendre qu'elle était là pour l'écouter et pour faire l'amour, et que cela s'arrêtait là. Rien n'avait vraiment changer comparé à leur relation d'avant, à part le sexe. Et rien ne devait changer. L'accord, tacite il est vrai, qu'ils avaient passé après leur première nuit aurait du mettre les choses au clair. Mais tout cela se transformait en une histoire de couple, dernière chose qu'Eve voulait.

Comment casser l'ambiance en trois secondes ? Il aurait surement du eviter de parler de ce qui le desesperait en ce moment et ce depuis cinq bonnes années, sa satané femme ! Si seulement il pouvait ne plus avoir tout ça, toute cette famille qui ne l'aime que si il ne rompt pas le pacte de sang qui allie les Bluth aux Cohen. Si seulement il pouvait s'echapper de cette vie qu'il ne contrôle pas. Bordel, sa vie amoureuse n'est que le resultat d'une pression mise par sa famille, son travail n'est que le fruit d'un piston de son beau-père. Cette vie n'est qu'une illusion, une fausse existence, orchestrée, controlée, dont il n'est que le pantin malhereux. Dire que la femme qu'il aime était là, devant ses yeux, bien avant qu'Elena n'arrive, et il n'a pas su la voir comme il la voit aujourd'hui. C'est triste, à en chialer. Eve était de mauvais poil maintenant, et dans cet etat, seul une clope la calmait. Il accomplit son souhait et repliqua d'un sal air qu'il ne pouvait masquer. "De toute façon j'allais faire de même" Il piocha dans le paquet de sa bien-aimée puis s'aida d'une allumette d'un paquet qui trainait dans le fond de sa poche. Reparti dans son coin, accoudé à la fenetre, il l'ecoutait même s'il se doutait de ce qu'elle allait dire. Il pouvait lire en elle. Mais ses mots le fit soupirer tout de même. Il savait tout ça, c'est plutôt la fin de sa tirade qui le fit cracher son tas de fumée par dessus la fenetre. Il tira sechement une nouvelle fois sur son batonnet mortel avant de prendre la parole. "Ma femme ? Tu sais ce que je pense de..." Il se frotta les yeux de ses deux doigts puis jeta sa cigarette dans le ciel vide, noir de Miami. Adam alla s'asseoir à ses côtés, calmé, en apparence. "Je sais que tu n'es pas à l'aise avec cette situation, moi non plus, tu crois quoi ? Que j'ai choisit cette vie ? Que j'ai eu le choix ?" Il se reprit legerement, quelques soupirs après...Il se leva et se mit en fâce d'elle. "J'ai pas l'habitude non plus de faire ça...j'ai pas l'habitude d'aimer..." Il se frotta les tempes puis la fixa de nouveau. "Ecoutes je sais que c'est pas l'idéal, mais au moins on peut profiter du temps qu'on a ensemble..." Pourquoi il disait tout ça alors qui voulait tout quitter pour elle ? Sa fierté ? Son manque de courage ? Son stress qui prenait le pas sur lui en ce moment ? Un peu de tout à la fois. Adam alla poser ses coudes sur les rebords de la fenetre ouverte, la tête creusant la paume de ses mains. Si seulement les choses n'étaient pas si compliquées...

Eve se leva à son tour et le fixa. Il pouvait tenter de se justifier tant qu'il voulait, l'atmoshpère était tendu à présent, et cela allait être difficile d'apaiser les choses. "Je suis parfaitement à l'aise avec la situation, Adam. Tu n'as pas encore compris? C'est ce que j'essaie de te dire depuis tout à l'heure." Il ne fallait pas qu'il gâche tout. Il ne fallait pas qu'il tente de s'expliquer, de la rassurer et surtout pas de la faire parler. Les choses devaient rester telles qu'elles étaient entre eux, quelqu'un allait finir par en souffrir, ce qui conduirait Eve à partir s'exiler dans ses Alpes natales, devenir none dans un couvent en aval du mont-Blanc et ne plus jamais en sortir. Tout cela commençait à l'exaspérer. D'habitude il ne parlait pas. Et là il avait suffit de deux petits mots pour que cela dérape. C'était étrange. Adam lui parlait de sa femme, bon certainement pas tout le temps, depuis maintenant cinq ans, et jamais elle n'y avait accordé une telle importance. Elle avait beau tenter de le nier, il revenait tout le temps dans ses pensées. Elle avait besoin de lui plus que de ses cigarettes, elle aurait même pu dormir une nuit entière rien que pour sentir la chaleur de son corps contre le sien. Elle en était tombé amoureuse. Ce qui était sûrement la dernière chose qu'elle voulait. L'amour était une forme de soumission. Totalement incompatible avec son indépendance. Finalement ce petit voyage en Europe devait être reconsidéré... "Il faut que je prenne l'air. Nous n'allons nul part comme ça." Mais lorsqu'il lui demanda de profiter, elle serra les dents. Rien ne lui venait à l'esprit, mais cette remarque lui avait encore une fois remis les pieds sur terre. C'était beau d'oublier la vraie vie, de se sentir protéger dans ce cocon, mais lorsque la vraie vie vous revient en pleine tête comme une bonne gifle, c'est perturbant. Elle attrapa son sac et commença à se diriger vers la porte. Mais comme c'était prévisible, il la retint. Alors Eve se retourna et plongea dans ses bras et atteignit très vite ses lèvres, et bien qu'elle ne voulait pas que cela se passe ainsi, elle allait quand même essayer de profiter du temps qu'il leur restait.

Parfois, il ne la comprennait pas. Il ne pouvait pas resister au fait qu'elle était ce genre de femme. Independante, forte, solitaire sur les bords. Il l'aimait pour ça. Mais parfois, il aurait souhaité qu'elle soit un peu moins compliquée. Adam ne saisissait plus rien. Il avait presque honte d'être aussi à côté de la plaque sur ce coup. Il était persuadé que la situation bouffait les nerfs de la belle brune mais à croire qu'il avait confondu avec son propre ressentiment. Lui, se sentait prêt à tout quitter pour elle. Et là, il pris en pleine face qu'en gros, il n'en avait pas besoin. A vrai dire, Eve ne faisait que renforcer sa difference avec les autres membres de la gente feminine. C'est vrai quelle femme se plairait d'une situation pareille ? Le beau brun prit alors ça comme une affront. L'aimait-elle vraiment ou ne faisait-il office que de simple sex-toy pour fin de journée morose ? Mais Adam n'était pas vraiment le genre à tout deballer d'un coup, mettre tous ses sentiments sur la table. Il en avait déjà trop dit. Il se sentait assez rabaissé comme ça, pas la peine d'empirer les choses. Il se tût. Il la contemplait, elle avait l'air exasperée. Elle tenta de s'echapper de tout ça mais il la retint. Il n'allait pas la laisser s'en tirer comme ça. Elle allait devoir prouver son amour, sinon, en effet, ils n'allaient nulle part comme ça. La belle plante le prit par les sentiments en venant l'embrasser fougeusement. Mais il n'était pas aussi faible qu'il ne pouvait l'avoir laissé paraitre quelques minutes auparavant. Il l'empoigna -pas trop fort non plus- par les bras et la posa sauvagement sur le lit. Il voulait des reponses, pas un simple coup en l'air. "Je ne te laisserais pas t'echapper Eve....J'ai besoin de savoir une seule et simple chose...Est-ce que tu m'aimes ?" Il n'avait jamais été aussi serieux de toute sa vie. Il voulait qu'elle sente son serieux dans son regard, alors son air vint naturellement. Il fallait qu'elle se sente au pied du mur, il fallait qu'elle pense que cela était un ultimatum, pour la simple et bonne raison que ça en était un. Adam se preparait déjà mentalement à la suite des évènements.

Elle n'avat pas cherché à se débattre, ni à s'échapper. Mais elle n'avait pas pris cela pour un geste sensuel pour autant. Eve ne souriait plus. Elle s'était laissée conduire sur le lit sans mot dire, mais elle ne voulait pas le laisser gagner. Alors elle prit son air le plus neutre possible, l'air détaché et presque hautain qu'elle se donnait chaque jour, et le fixa sans broncher. Et voilà que lui aussi se donnait un air plutôt sérieux. Alors il voulait savoir si elle l'aimait. Et apparement, il voulait une réponse positive, tout de suite. Elle avait bien compris sa façon de tourner la question, s'il n'avait pas une réponse qu'il le satisfaisait, il tournerait certainement les talons pour ne plus jamais la revoir. Bien sûr, Eve le comprennait. Si elle avait été comme ça, elle en aurait fait de même. Elle ramena alors ses jambes devant sa poitrine tout en se redressant. Si elle l'aimait? C'était plutôt clair non? Elle laisserait presque tout pour lui. Sauf peut-être son indépendance. A quoi bon essayer, encore une fois, la vie de couple? Et puis il pouvait bien lui promettre pleins de choses, jamais il ne laisserait savie bien rangée. Alors à quoi bon tourner au cliché mélo en déballant ses sentiments comme ça? Surtout lorsqu'on y était presque forcée? Les trois mots qu'il attendait tant, elle aurait pu les dire lors d'une de ses nuits sans sommeil, alors qu'elle serait lovée dans ses bras et qu'il dormait profondemment. Mais pas comme ça. "Je refuse d'être soumise". Dit-elle simplement. Il allait perdre patience, c'était certain. Alors elle se leva, et dézippa sa jupe, qui tomba mollement à ses pieds, dans un froissement de soie. "Dis-moi ce que ça changerait, si je te le disais?" Oh elle se doutait bien que si elle ne lui disait pas elle pouvait dire adieu aux soirées de ce genre. Mais elle ne voulait pas se mettre à genoux rien que pour retenir l'homme qu'elle aimait.

Son serieux pouvait se sentir jusqu'au bout du couloir. Il serrait presque les dents. Elle, prit son air detaché qu'elle metrisait tant. Bordel même lorsqu'il est question de leur couple, elle s'en contrefout. Là, Adam savait ce qu'elle allait faire, ce qu'elle allait dire. Même au pied du mur, elle ne bronchera pas. A croire qu'elle tenait plus que tout, plus qu'à lui, à son independance. Lorsqu'il entendit ses mots, il ne fut pas surpris, mais un sentiment de rage emergait en lui. Il avait envie de lui crier que si elle n'avait pas envie de faire une vie avec lui, elle n'avait qu'à descendre et aller sauter le premier venu. Mais il ne fit rien. Et lorsqu'elle se planta devant lui, enlevant sa jupe, son sentiment se reforça. Il allait exploser. Elle ne pensait donc qu'à elle ? Elle ne pensait donc qu'au cul ? Biensur c'est facile de dire ça quand hors du contexte, on peut voir que c'est lui qui trompe sa femme pour elle, pour le sexe habituellement. Mais aujourd'hui il sentait que c'était le bon jour. Il avait senti, en sortant de son travail, en fonçant à l'hotel, qu'il allait tout deballer et tout quitter pour elle. Mais il s'était trompé. La reciprocité est l'element clé d'un parfait amour. Elle l'aimait, surement. Mais elle n'avait pas les mêmes envies. Alors à quoi bon ? A quoi bon être avec elle que pour baiser ? Il pouvait s'en taper des dizaines des filles aussi belles voir plus belles qu'elle, avec son influence et son pouvoir. Elle refusait del'aimer pleinement ? Ok, bah elle jouera toute seule, à son jeu debile. Elle avait gagnée, elle avait reussi à affirmer sa fierté et son independance, mais elle l'avait perdu, lui. Perdu dans ses pensées trop negatives, il fallait qu'il sorte de là. Il n'avait plus rien à faire là. Il se contrôla une dernière fois, lui souria, et lui deposa une bise sur le haut de son front. Adam se diriga alors vers la porte, et lentement, enfila sa veste. Il remarqua une cigarette esseulée dans son paquet qu'il enfermait dans la poche interieure de sa veste, puis la posa au coin de ses lèvres. Il enclencha la poignée mais fut repris par Eve, postée juste derrière lui. Il tourna sa tête de moitié et la regardait d'un oeil febrile. Une dernière faveur ?

Elle n'aimait pas le voir comme ça. Après tout elle voulait son bonheur non? Elle était perdue, déchirée entre l'exaspération de le voir réagir comme ça, de le voir s'emporter calmement et surtout de quitter la pièce, et la douleur de le voir partir. Mais elle ne voulait pas lui courir après. Pourquoi? C'était loin d'être un jeu, elle ne supportait pas se rabaisser à cela. Mais le voir quitter cette chambre, c'était le perdre à tout jamais, elle le savait. Et perdre son meilleur ami. Car bon, au-delà du sexe, très bon il est vrai, ils étaient de vrais amis, ce genre d'amitié rare qu'on a pas forcément toujours la chance de connaître au cours de sa vie. Alors elle tenta quelque chose. " Qu'est-ce que tu veux que je te dise? Que j'ai certainement plus besoin de toi que mes cigarettes? Que je pourrais très bien passer une nuit tout entière à dormir juste pour sentir la chaleur de ton corps contre le mien? Que ces dernières semaines j'ai presque trembler tellement tu me manquais? Que je rêve de toi tout le temps? Et surtout que j'ai beau essayer de nier que j'ai besoin de toi, il faut toujours que ton visage, ton corps reviennent dans ma tête et mes pensées?" Alors qu'elle le fixait depuis le début de sa tirade, elle se retourna, et prit la position qu'avait Adam lorsqu'il était en train de fumer. "Si ce n'est pas ce que tu voulais entendre, alors oui, vas-t-en. Je ne vais pas te courir après, je ne vais pas me précipiter contre cette porte pour t'empêcher de partir. Je ne joue pas, je suis comme ça." Elle se retourna à nouveau, les yeux embués de larmes, elle ne parvenait presque plus à distinguer son corps et son visage. Elle serra les dents pour arrêter de pleurer, mais se refusant à essuyer ses yeux et admettre que cela la touchait, elle n'essuya pas les fines larmes qui commençaient à couler.

» Adam Bluth - Sooner or Later...