Upside; DOWN

" Upside Down "
DIMANCHE 11 JANVIER - 2009
HIVER & APRES-MIDI
14h30

Il était 14h30 lorsque Phoenix était en train de se changer dans les vestiaires du gymnase. Elle était arrivée en même temps que le reste de sa classe, mais lorsqu'elle sortit de sa cabine individuelle, la classe elle, avait déjà eu le temps de faire coulisser les poulies des harnais, et déjà les nœuds des cordes avaient été resserrés, car aujourd'hui : Escalade. Alors que la demoiselle arriva les mains dans les poches en short blanc et en chemise bleue rayée blanc à la moitié déboutonnée, son attitude bien trop nonchalante fut vite remarquée par le professeur d'éducation physique, qui au lieu de simplement interpeller la jeune femme, préféra la ridiculiser, histoire de la faire culpabiliser. " Arrêtez tout, nous avons un problème ! " Hurla le professeur, faisant signe aux élèves qui grimpaient au mur d'immobiliser toute manœuvre. " Descendez tous. " Après quelques râleries et soupirs, les élèves avaient tous rejoint le matelas mousseux calé contre le mur. Mr. Havinsky détourna alors son regard vers Phoenix, qui n'avait remarqué le brusque arrêt de l'escalade, occupée à flâner par ci par là, à la recherche d'on ne sait quoi, chantonnant doucement une mélodie. " Mademoiselle Kalvins ! " Aboya le professeur, fusillant du regard la demoiselle. Se déconnectant de son nuage haut perché dans ses rêveries, Phoenix réalisa la situation, puis leva le regard vers celui-ci. " C'est bien moi. " Lâcha t-elle, ne sachant que répondre de plus, n'ayant rien suivit à la scène. " 29 élèves et un professeur attendent que vous retirerez vos mains de vos poches pour pouvoir poursuivre le cours." Ecarquillant ses yeux châtaigne, la demoiselle retira promptement ses mains, avant d'essayer de cacher ses sourires moqueurs. Elle avait jugé l'attitude de ce Havinsky non seulement ridicule mais en plus de cela insensée pour ne pas dire inutile. Et c'est après quelques esquisses de sourires dédaigneux qu'elle se dirigea vers le matelas pour enjamber un harnais en nylon noir, cherchant une place libre, où elle trouva un assureur, et tout cela, dans un silence des plus oppressants, sous le regard étonnement sérieux des élèves. Ces assoiffés d'éducation physique méprisèrent la demoiselle, qui cramponna sa main gauche sur une prise, avant de hisser le reste de son corps plus haut, pour que sa main droite atteignent une prise ronde, qui continua de même à la faire progressivement grimper. Heureusement pour elle, Phoenix n'exprimait aucun vertige à la déception du professeur, qui venait indirectement de comprendre qu'il ne pourrait rien enseigner de plus à la demoiselle, qui toucha rapidement du bout de son index le plafond grisâtre. L'attention s'était éloignée de Phoenix qui se débrouillait phénoménalement bien, et le cours avait repris son ambiance initiale. Mais c'est aussi l'attention de l'assureur qui s'était dissipée, et qui n'entendit pas la jeune femme signaler qu'elle allait redescendre. Celui-ci ne lâcha donc pas quelques mètres de corde lorsque Phoenix bondit vers le bas. Elle fut projetée vers le haut, exécuta involontairement des roulades en hauteur, puis se retrouva la tête en avant, les pieds en l'air. Et malgré les apparences, non, Phoenix ne s'offrait pas une partie de jambes en l'air, la honte avait saisit la demoiselle, qui se balançait ridiculement de gauche à droite, sous les caquètements du professeur. Upside Down.

Il faisait si chaud, par rapport au temps glacial de l'hiver en France ... et Raphaël n'y était certainement pas habitué. Pour un peu, il aurait sorti maillot de bain et tongs, mais quand même pas pour aller en cours. Après avoir jeté un coup d'oeil à son emploi du temps, il remarqua non seulement qu'il n'avait pas cours le matin, mais aussi l'après midi. Sympa, les cours. Il sourit à l'idée de passer toute l'année comme ça, mais il était évident que dès le lendemain le travail allait affluer. Alors il en profita pour prendre une longue douche, puis pour sortir sans se presser de l'internat. Le jeune homme occupait une chambre avec deux autres garçons, la chambre n°5. Mais il ne les voyait presque jamais, car ils n'avaient pas les mêmes horaires tant pour l'université que pour les soirées. Harris enfila un t-shirt et un jean, et ce malgré le beau temps bien sûr. Il décida de traîner un peu autour du campus. Après tout, il n'avait encore assisté à aucun cours, de langue ou même d'art, et ne savait pas vraiment à quoi ressemblait l'université en elle même. Après une courte réflexion, il jugea les salles de cours inintéressantes et se pencha plutôt pour le gymnase, lieu de ragots et chamailleries, ainsi que pleins de petites autres choses fort appréciées de tous. Et pourtant Raphaël n'était pas un "gossip boy" mais il aimait entendre les histoires des autres, qui sort avec qui, qui couche avec qui, qui déteste qui, qui aime qui ... De la pure distraction, évidemment. À quoi cela pouvait-il lui servir ? Rien. Inutile, oui, mais fort distrayant. Sa décision était prise, et à 14h il entama la longue marche vers le stade ... environ 5 min. De quoi en décourager plus d'un.
Son paquet de cigarettes à portée de main, il entra dans le bâtiment réservé au sport, le lieu préféré de tous les passionnés de sport en tous genre. Ce jour là, de loin, il remarqua un mur taché de formes de couleur. Pour lui, cela ressemblait plus à quelque chose d'artistique qu'à un mur d'escalade, mais c'en était vraiment un. Après une approche plus que ratée - vous voyez le genre, le professeur vous grille, vous lance le regard qui tue, vous n'obéissez pas et il ne manque pas de vous renvoyez du cours en hurlant fort pour bien marquer son autorité face aux autres élèves présents, à contre coeur ou non; bien sûr vous connaissez - Raphaël avait donc décidé de se faufiler par les vestiaires. Hum. Filles ou garçons ? Peut être qu'un éclair de malice l'avait frappé, enfin il choisi du côté des filles. De toute façon, ils étaient tous en cours. Écoutant, ou non, le professeur qui postillonnait de façon régulière et très agréable, celui-là même qui ordonnait aux jeunes de bien s'échauffer tandis qu'il les regardait, un sourire sadique aux lèvres. Celui là aussi vous le reconnaissez. Enfin, Harris toqua à la porte des vestiaires, puis se risqua à passer par les douches, et discrètement il fila vers la sortie - la sortie qui donnait sur le gymnase bien sûr. Il n'aimait pas le sport mais regarder les autres l'amusait particulièrement. Maintenant vous saisissez. Et alors qu'il se pensait en sécurité, il entendit un bruit sourd derrière lui, et aperçut une forme. Une silhouette svelte, à l'odeur délicieuse, plus communément appelée : une femme. Et elle était en retard. Et il l'avait vu en sous vêtements, mais ce n'était pas ça le pire. Le pire était qu'elle l'avait peut être vu la voir. Et qu'elle le signalerait. Non, Raphaël se dit que c'était impossible, et courut se cacher derrière les matelas. Bien sûr il était un peu dans ses pensées pendant quelques minutes.
Quelques minutes qui lui parurent courtes, et pourtant la fille qu'il avait vu était déjà en haut, touchant du bout de ses doigts le plafond grisâtre. Raphaël esquissa un sourire; apparemment il ne s'était rien passé. Mais soudainement elle sauta vers le vide, et son assureur ne réagissant pas, elle semblait voler et tanguer au dessus du vide. Quelle agréable sensation ! Bien sûr qu'il aurait aimé être à sa place. Il ne put s'empêcher de lâcher un rire discret mais assez masculin pour que le prof se pose quelques questions quant à ses maudits élèves. Harris s'enfouit sous la mousse poussiéreuse qui était censée "amortir les chutes". Était-elle descendue ? Peut être. Mais il était subitement devenu sourd et aveugle.